Florence Bouhier voit le jour le 1er avril 1961, à Niort (Deux-Sèvres). Après s’être fait remarquer en France et au Canada par des nouvelles plusieurs fois primées, Florence Bouhier publie Jeu d’enfant (1994), roman qui raconte l’histoire d’un écolier hanté par la mort de sa mère. Elle soulève l’enthousiasme de Serge Brussolo qui la décrit comme « la nouvelle Shirley Jackson des années 90 ».
Elle entre aux Éditions du Masque avec La Nuit des tortues (1998), un huis clos familial ayant pour cadre une maison bizarrement construite et où évoluent des personnages baroques : un fabricant d’automates, une ancienne cantatrice, une vieille femme venimeuse, un adolescent cruel et perturbé qui n’éprouve de réelle affection que pour ses tortues…
De son écriture précise et métaphorique, l’auteur explore les méandres de la psychologie humaine, ses contradictions, son étrangeté et ses zones d’ombres. Florence Bouhier avoue chercher à « débusquer la magie qui se niche dans la vie quotidienne et la beauté qui habite les existences les plus communes ». S’intéressant au charme vénéneux des lieux maudits, au dérapage du réel dans le cauchemar et au thème de l’enfance, elle œuvre dans le gothique et le jeu torturé de ses personnages.
Ainsi, dans La Chambre aveugle (1999), un adolescent est-il peu à peu possédé par l’esprit d’un mort auquel il finira par s’identifier. Mais s’agit-il de fantastique ou de schizophrénie ? Avec La Danse des crânes (1999), Florence Bouhier s’essaye au roman historique, en composant une fresque étonnante du Paris du XIXe siècle : on y retrouve les accents des grands mythes, entre Frankenstein et le Dr Jeckyll.
S’inscrivant dans la logique de son exploration du thème de l’enfance, avec ses peurs et ses obsessions, Portrait de l’artiste en assassin (1999) met en scène deux jumeaux qui soupçonnent leur père d’avoir tué leur mère. Vivant dans un monde régi par des règles morales qui leur sont propres, ils ne reculent devant rien pour faire régner leur justice.
Le Complexe du gaucher (2000), articulé autour de la main et de sa symbolique, décrit la folie d’une femme de soixante ans, mère et épouse éprouvée par le destin, qui s’est donnée comme mission de rééduquer les enfants gauchers qu’elle kidnappe et séquestre dans sa cave. En dehors de ces titres, Florence Bouhier a publié un roman fantastique Cendres mortelles (1999), sous le pseudonyme d’Erika Stevens.
Il s’agit d’une farce macabre et poétique parodiant les grands thèmes de l’épouvante. Son ultime livre, Naufrage en haute nuit (2003) est le récit d’une passion amoureuse, une invitation au voyage et un hommage à Adèle Hugo. Quand elle n’écrit pas, elle programme des logiciels informatiques pour les enfants de 7 à 77 ans.
Florence Bouhier décède prématurément, en 2004, à l’âge de 43 ans, des suites d’une maladie neurologique, la sclérose latérale amyotrophique (ou maladie de Charcot).
Œuvres :
Romans :
- Jeu d’enfant, Car rien n’a d’importance, coll. « Crimes » (1994) ;
- La Nuit des tortues, Masque n° 2370 (1998) ;
- Cendres mortelles, sous le pseudonyme de Erika Stevens, Librairie des Champs-Élysées, coll. « Abysses » n° 4, (1998) ;
- La Chambre aveugle, Masque n° 2411 (1999) ;
- La Danse des crânes, Masque GF (1999) ;
- Portrait de l’artiste en assassin, Masque n° 2421 (1999), Prix du Roman d’Aventures 1999 ;
- Le Complexe du gaucher, Masque GF (2000) ;
- Naufrage en haute nuit, Belfond « Littérature française » (2003) ;
- Recueils de nouvelles: Caresses d’ortie, L’Éther Vague (1996) ;
- Un temps de crocodile, Le Bruit des Autres « Encres Vagabondes » (1999) ;
Nouvelles :
- Une vie de chien, in Cargo off n° 1 (1991) ;
- La Nostalgie des poissons rouges, in Cargo n° 3 (1991) ;
- Les Pensées d’un poisson rouge, in L’Ingénu n° 39 (1991) ;
- Prélude aux beaux jours, in Noir & Blanc Littérature n° 14 (1991) ;
- Un trou dans la tête, in Sapriphage n° 11 (1991) ;
- Les Petits chiens qui bouffent les pantoufles, les robinets qui gouttent et autres sottises qui ruinent les histoires d’amour, in Sapriphage n° 11 (1991) ;
- Faut-il tuer les mères qui calent leurs meubles avec les livres ? in Stop n° 122 (1991) – Canada ;
- Quand les sirènes se taisent, in Un week-end au Touquet, Éd. L’Âge d’Homme (1991) ;
- Il ne faut jamais tourner le dos à l’océan, in Taille réelle n° 6 (1992) ;
- L’Héritage, in Bijou International n° 2 (1992) ;
- La Belle anglaise, in Lesbia Magazine n° 102, 103 et 104 (1992) ;
- Le Gardien de l’océan, in L’Ingénu n° 49 (1992) ;
- Ainsi se défont les marionnettes, in Noir et Blanc Littérature n° 16 (1992).
Sources : Mesplède (Claude) Dictionnaire des littératures policières, Joseph K., Temps noirs, 2007, p. 272. ; Encres vagabondes n° 3 (sept. 1994) ; Ténèbres n° 13 (2001) ; Wikipedia. Date de création : 2011-09-16.