FLAHAUT de la BILLARDERIE, puis de SOUZA Adélaïde, née FILLEUL (1761-1836)
France

gravure d'après Adélaïde Labille Guiard, 1788

Adélaïde (Marie Émilie) Filleul, voit le jour le 14 mai 1761, à Paris. Sa mère, Marie Irène Catherine du Buisson de Longpré, a épousé un bourgeois du nom de Filleul. Elle aurait été une des maîtresses de Louis XV (au Parc-aux-cerfs) ayant de lui une fille, Julie.

Elle est ensuite sous la protection d’un fermier général qui, selon Jean Orieux, est le véritable père d’Adélaïde. Mais, selon d’autres (dont Charles de Morny), son père est le roi. À seize ans, Julie épouse Abel François Poisson de Vandières, marquis de Marigny et frère de madame de Pompadour. Sa mère meurt en 1767 et Julie a alors la charge d’Adélaïde.

Selon Sainte-Beuve, elle fait ses études au couvent, lieu qui servira de cadre à certains épisodes de ses romans. À dix-huit ans, à sa sortie du couvent, elle épouse, le 30 novembre 1779, le comte Charles François de Flahaut de la Billarderie. Il a 36 ans de plus qu’elle et est maréchal de camp, intendant des jardins et du cabinet du roi. Selon elle, elle ne consommera jamais son mariage.

Les époux résident au Louvre, alors en pleine effervescence prérévolutionnaire. Là, la jeune femme, trop jeune pour apprécier la situation politique, s’ennuie. Elle a alors l’idée d’écrire et commence Adèle de Sénange, l’histoire d’une toute jeune fille, mariée à un homme beaucoup plus âgé qu’elle, qui vit une situation évoquant l’amour impossible de la Princesse de Clèves.

Maitresse de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, elle tient un salon où il a la première place durant dix ans, de 1783 à 1792. Ils vivent tous deux quasiment maritalement et, le 21 avril 1785, naît leur enfant (la paternité de Talleyrand est généralement admise), Charles de Flahaut. Son salon compte également le gouverneur Morris, ministre plénipotentiaire des États-Unis et qui passe l’été 1784 avec elle mais qui se défendra d’être le père de Charles de Flahaut.

Il compte aussi William Windham, à qui la paternité de Charles de Flahaut est parfois attribuée, d’Holbach, Jean Baptiste Antoine Suard, Jean-François Marmontel, Charles-Joseph Panckoucke et bien entendu Talleyrand.

Talleyrand se rapproche, durant les débuts de la Révolution de Germaine de Staël. Suit une période de brouille entre eux et elle s’inquiète de la tournure que prend la Révolution. Elle se cache avec son fils chez Gouverneur Morris durant les massacres de septembre. Au début de la Terreur, elle s’installe à Londres, laissant son mari en France. C’est là qu’est publié son premier roman, en 1793.

Le comte de Flahaut se rend de lui-même au Tribunal révolutionnaire pour épargner son avocat. On le guillotine en 1794. Pour vivre à Londres et payer l’éducation de son fils, elle confectionne des chapeaux. Lord Wycombe la convainc d’écrire un roman. Ce sera Adèle de Sénange, inspiré de sa propre histoire et qui connaît un grand succès. Elle se rend en Suisse où elle rencontre Louis Philippe d’Orléans qui est, peut-être, alors son amant.

Elle le suit à Hambourg où elle retrouve le gouverneur Morris et où elle rencontre le marquis de Souza, ambassadeur du Portugal au Danemark. Talleyrand l’aide à rentrer en France fin 1797, puis la fait radier de la liste des émigrés. Il fait entrer son fils au ministère de la Marine en 1799. Elle continue à écrire, publiant Émilie et Alphonse en 1799, Charles et Marie en 1801.

C’est à Hambourg qu’elle fait la connaissance du marquis José Maria de Souza Botelho, qu’elle épouse le 17 octobre 1802. Ce dernier renonce à un poste d’ambassadeur en Russie pour rester à Paris, se consacrant aux lettres. Adélaïde de Souza va fréquenter de nouveau les salons pour favoriser la fortune de Charles de Flahaut. Elle va jusqu’à favoriser la liaison de celui-ci avec Hortense de Beauharnais, dont le fruit est Charles de Morny, né en 1811.

Puis elle marie Charles de Flahaut avec Mercer Elphinstone. Celui ci aura, par la suite, une carrière militaire politique importante. Elle perd de son influence avec la chute de l’Empire. Elle dissuade son fils, devenu aide-de-camp de Napoléon, de partir avec lui à Sainte-Hélène. Le marquis de Souza meurt en 1825.

Elle se retire de la vie mondaine et reporte une partie de son affection de son fils vers son petit-fils, qu’elle élève. Il sera lui-même l’éminence grise de son demi-frère Napoléon III. Elle meurt à Paris, le 16 avril 1836. Elle repose avec le marquis Luis Maria Augusto Pinto, marquis de Soveral (1851-1922), dont le corps sera rapporté dans sa patrie en 1964, et sans qu’on sache le lien entre eux.

Sources : Maricourt (André de) Madame de Souza et sa famille. Les Marigny, les Flahaut, Auguste de Morny, 1874-1945, Paris, Émile-Paul, 1907 ; Vincens (Simone) Vestiges du classicisme au temps de Chateaubriand : les romans de Madame de Souza (1761-1836), Thèse de l’Université du Colorado, 1974. Date de création : 2009-08-27.

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Monument

Inscriptions :

Adélaïde Marie Emilie, FILLEUL, veuve en premières noces, de Ches Frois Comte, de FLAHAUT de la BILLARDERIE, veuve en secondes noces, de don Joseph Marie, de SOUZA, née à Paris le 14 mai 1761, décédée le 16 avril 1836.

[…] de SOUZA, né à Porto, le […] mars 1758, décédé le 19 juin 1825.

Hommage de la mairie de Sao Joao da Pesqueira, à, Luis Maria PINTO de SOVERAL « marques de SOVERAL », grand portugues illustre diplomate conseiller d’état, paire du Royaume … « Luis Maria Pinto de Soveral, marquis de Soveral, né en la paroisse de Saint Jacques, à S. Joao da Pesqueira (Douro, Portugal), Quinta de Sido, le 28 mai 1851, décédé à Paris le 5 octobre 1922. » Il est né seul d’une famille dont la carrière prédominante, dans sa génération, était diplomate, famille noble (S. Joao da Pesqueira), de traditions […] service public cosmopolite non […] et des mariages contractés, comme aussi […] . Avec gratitude pour son dévouement et sens d’état pour l’honneur de sa patrie et de sa ville natale. Le maire adjoint, Delfina Sofia Andrade dos Santos Tavares.

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Date de la dernière mise à jour : 18 janvier 2024